Décryptage secteur

Comment choisir ses logiciels dans le secteur agroalimentaire ?

Regroupant les secteurs primaire et secondaire, l’industrie agroalimentaire représente une économie à part, régie par de fortes contraintes. Optimisation de la production, maîtrise de l’information mais aussi gestion des déchets figurent parmi les sujets d’actualité de la branche, qui fait aujourd’hui face à des enjeux environnementaux forts et à des consommateurs plus exigeants que jamais.

Dynamique et en perpétuelle croissance, le secteur est composé de grandes firmes de renommée mondiale, mais aussi de très nombreuses TPE et PME. En France, c’est ce secteur qui emploie le plus de salariés — avec près de 430 000 collaborateurs — et génère le chiffre d’affaires le plus important — 180 milliards d’euros en 2017.

Malgré ses importantes ressources, ce système aux multiples visages peine à réaliser une transformation digitale complète, et pour cause : avec plus de 10 000 entreprises réparties entre 10 domaines d’activités différents et des structures de tailles diverses (69% de TPE, 39% de PME et 2% de grands groupes), le facteur humain et les attentes de chacun rendent les initiatives de changement hétérogènes et difficiles à mener à terme. Dans un contexte d’extrême compétitivité, la nécessité de se digitaliser conditionne pourtant le succès des acteurs du secteur.

La digitalisation du secteur agroalimentaire

Si les produits alimentaires étaient autrefois créés et transformés chez soi, la révolution industrielle a vu l’essor d’entreprises pouvant créer en grande quantité des produits qualitatifs et sûrs à la consommation. L’innovation technologique permet alors d’extraire, de stériliser et de conditionner les produits, transformant ainsi la manière de consommer les aliments.

Apparus à la fin du XIXème siècle, les géants actuels du secteur ont tiré parti de toutes les avancées technologiques majeures à leur disposition pour évoluer et croître. A partir des années 1970 et 1980 notamment, l’évolution des outils de production et de communication entraîne un puissant essor du secteur dans son ensemble.

Très présent dans le monde numérique, le secteur agroalimentaire a su développer très tôt une <strong>communication digitalisée. Pionniers en la matière, les acteurs de la commercialisation ont rapidement adopté les réseaux sociaux et les sites web pour établir un lien privilégié avec les consommateurs. Les acteurs de la chaîne de production, quant à eux, tardent davantage à amorcer leur transformation digitale. Dans un univers concurrentiel féroce, accroître la productivité est pourtant un enjeu majeur. Pour l’heure, la transition vers de nouveaux process est parfois difficile à amorcer car elle demande de bouleverser un grand nombre d’habitudes solidement ancrées.

Quels sont les grands enjeux des IAA ?

Maîtriser l’innovation et le time-to-market

L’innovation est un enjeu capital pour l’industrie agroalimentaire, particulièrement impactée par l’évolution rapide des tendances de consommation. Outre l’apparition de modes d’alimentation particuliers (bio, sans gluten,… ), ce sont des clients toujours plus exigeants que les professionnels du secteur doivent satisfaire avec chaque nouveau produit. La conception de ceux-ci débute donc très tôt afin d’envisager leur cycle de vie complet et de réduire le time to market. Tout au long de ce cycle, il est essentiel d’anticiper les diverses problématiques pouvant se poser, et donc d’intégrer les retards de production, freins légaux et autres imprévus pour assurer un lancement produit parfaitement conforme aux délais prévus.

Se conformer à des réglementations diverses et exigeantes

Le commerce de produits agroalimentaires au niveau international oblige désormais les industries à se montrer toujours plus rigoureuses pour un parfait respect des réglementations. De grandes disparités existent entre les pays du monde : ainsi, l’étiquetage doit être parfaitement conforme aux prérequis de chacun d’eux, ce qui implique une parfaite maîtrise des données tout au long de la production. La déclinaison des packagings nécessite quant à elle une grande rigueur pour éviter tout impair linguistique ou culturel. Enfin, la formulation des produits elle-même peut varier selon les régions. L’information produit est donc au cœur des problématiques de l’IAA puisqu’elle permet une meilleure organisation du volume colossal de données à traiter.

Réduire les ressources utilisées, les déchets et les émissions nocives

Il s’agit d’un enjeu majeur pour l’industrie agroalimentaire au XXIe siècle. Dans un contexte d’alarme environnementale croissante, les acteurs de l’IAA sont incités à réduire leur consommation de ressources et à favoriser une production durable : utilisation de plastiques recyclés, réduction des émissions de gaz à effet de serre et diminution des déchets figurent parmi les 50 objectifs de la Feuille de Route pour l’Économie Circulaire établie par la France en 2018. Des objectifs ambitieux et nécessaires pour une économie plus durable, celle-ci devant servir les consommateurs, mais aussi à terme, les entreprises elles-mêmes.

Mieux informer pour retrouver la confiance des consommateurs

A une époque où l’industrie agroalimentaire connaît une véritable crise de confiance, redorer son image est un véritable défi. Un quart des Français affirme aujourd’hui se méfier de la composition des produits alimentaires proposés par la grande distribution, et la consommation s’en ressent puisque de nombreux produits transformés sont désormais boudés par les acheteurs. Les acteurs de la chaîne de production doivent pouvoir témoigner de procédés clairs, de compositions saines et d’une traçabilité optimale des produits manufacturés.

Retrouver la confiance des consommateurs passe essentiellement par une bonne information et par une transparence totale. Pour cela, les outils numériques tels que les QR codes ou les blockchains sont des atouts de poids, que les acteurs du secteur doivent à tout prix exploiter pour perdurer.

Optimiser la chaîne de production

Outre les questions de traçabilité, les outils numériques actuels démultiplient les possibilités pour les acteurs de la chaîne de production. Exploitant toutes les innovations mécaniques et logicielles du moment, le projet d’industrie 4.0 est une perspective attrayante puisqu’elle a pour but de faire naître des usines intelligentes et plus connectées que jamais. Les procédés de production de l’agroalimentaire, parfois encore trop lourds et souffrant fréquemment de ruptures de charge ou d’une mauvaise division du travail, auraient tout à gagner à être ainsi modernisés pour une meilleure flexibilité. L’enjeu pour les acteurs du secteur : devenir plus réactifs et compétitifs face à une concurrence implacable, et préserver des marges déjà en forte baisse.

Quels sont les logiciels les plus utilisés par les IAA ?

Les logiciels experts du secteur répondent aux besoins de tous les métiers de la chaîne grâce à des fonctionnalités très riches et étendues. Parmi les principaux outils, on trouve :

Les ERP (Enterprise Resource Planning)

Massivement employés dans la plupart des secteurs d’activité, les ERP permettent la centralisation de l’information à l’échelle de l’entreprise. La gestion d’une grande partie des opérations de l’industrie agroalimentaire peut être réalisée depuis un ERP : achats et stocks, comptabilité, ressources humaines (gestion de la paie), solutions e-commerce…

L’agroalimentaire fait appel à des ERP métier, qui couvrent plus spécifiquement les besoins de cette industrie. Approvisionnement, production, distribution mais aussi gestion financière et comptable sont au cœur des fonctionnalités proposées par les logiciels dédiés.

Mutualisant les informations issues du PLM ou du PIM, l’ERP permet aux acteurs de l’IAA de maîtriser parfaitement les éléments techniques de production et d’assurer une traçabilité sans faille des produits finaux.

Les outils de PLM (Product Lifecycle Management)

La gestion du cycle de vie des produits est un enjeu particulièrement important dans l’industrie agroalimentaire : du cahier des charges à la fin d’utilisation en passant par l’optimisation constante de la qualité et par la réduction des délais de production, chaque étape doit être encadrée avec le plus grand soin. La composition des produits, le packaging, la liste des valeurs nutritionnelles ou le respect des normes d’étiquetage font partie des aspects spécifiques que doivent gérer les outils de PLM dédiés à l’IAA.

D’autre part, ces logiciels contribuent à une meilleure gestion des ressources, et donc à un apprentissage plus rapide grâce à un existant en amélioration constante. Le PLM doit donc permettre à la fois une grande rigueur de réalisation et une optimisation des ressources disponibles.

Les outils de PIM (Product Information Management)

Les logiciels PIM, ou Product Information Management, permettent de centraliser l’ensemble des informations concernant un produit agroalimentaire donné, des informations destinées à une utilisation interne comme externe. Ainsi peuvent être conçus des catalogues produits exhaustifs, des listes d’ingrédients contenus dans chacun ou des fiches produits au standard GS1 grâce aux ressources issues d’un seul et même outil. En éliminant les doublons et en recoupant les informations, le PIM fournit une information unique et claire, essentielle pour un bon pilotage de la production.

Les logiciels ERP, PIM et PLM sont souvent intimement liés. Si le PLM intervient en amont lors de la conception du produit agroalimentaire, il interagit fréquemment avec le PIM pour créer une maquette aboutie. L’ERP se charge quant à lui de la mise en œuvre de la production, sur la base des informations fournies par les deux autres logiciels.

Les outils MES (Manufacturing Execution System)

Le MES, ou Manufacturing Execution System, permet d’assurer la gestion et le suivi complets de la production d’un produit agroalimentaire. Elément constituant de l’industrie 4.0, ce type de logiciel offre d’une part la possibilité de consigner toutes les opérations réalisées par l’humain et par les machines, mais permet également de réaliser un suivi complet de la fabrication d’un produit agroalimentaire. Le MES est donc essentiel aux entreprises de l’IAA, pour lesquelles la traçabilité est un enjeu fort. Par ailleurs, en communicant avec l’ERP en place, il permet une transmission rapide et fiable des données clés vers les ateliers de production.

Quelles sont les contraintes et spécificités de la digitalisation dans l’agroalimentaire ?

Si elle est déjà entamée sur plus d’un plan, la digitalisation de l’agroalimentaire ne pourra être complète qu’en surmontant un certain nombre de contraintes.

Trois d’entre elles sont particulièrement prégnantes :

L’aspect réglementaire…

…tout d’abord, est une véritable préoccupation pour le secteur. Les directives au niveau national, mais aussi européen, doivent être prises en compte lors de l’implémentation de nouvelles solutions. Les outils choisis nécessitent donc une configuration en profondeur pour répondre aux besoins sanitaires et aux contraintes de cahiers des charges propres à l’agroalimentaire.

L’aspect technologique…

…quant à lui, est un frein pour de nombreux acteurs du secteur. L’utilisation de la big data devient une nécessité au vu des volumes de données aujourd’hui échangés entre les parties prenantes. Mais les outils appropriés ne se déploient pas en un jour, et l’effort d’intégration dans chacune des structures concernées est de grande ampleur. Ajoutons à cela un facteur humain, parfois difficile à maîtriser lors de changements majeurs, et qui n’a de cesse de freiner le déploiement de nouvelles solutions.

L’aspect financier

Rappelons qu’une majorité d’acteurs de l’IAA sont des TPE et PME. Si les grands groupes peuvent supporter l’effort de migration et la période de relative inertie qu’implique celle-ci, les entreprises plus modestes ne peuvent pas toutes se permettre d’investir dans une nouvelle solution. La digitalisation est donc parfois au point mort, ou sérieusement ralentie par la contrainte financière, alors même qu’elle permettrait d’améliorer à coup sûr la croissance, une fois adoptée.

En conclusion

Outre ce contexte particulièrement complexe, les industries de l’agroalimentaire font aujourd’hui face à de fortes problématiques d’image. Il leur faut donc à la fois assurer une production rapide, qualitative et traçable, mais aussi retrouver la confiance de consommateurs devenus méfiants. Alors que des données clés telles que le nutriscore mettent à mal la réputation de bien des marques, les entreprises du secteur n’ont plus d’autre option que de se montrer transparentes, mais aussi de faire les bons choix nutritionnels. Entre maîtrise des coûts et lutte pour les parts de marché le prochain enjeu pour l’IAA sera donc d’accorder réellement positionnement et qualité des produits, tout en respectant des directives environnementales strictes. Un challenge difficile à tenir pour de nombreux acteurs de cette industrie, mais qui promet une évolution de l’IAA dans le bon sens.

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