Décryptage secteur
Comment choisir ses logiciels dans le secteur de la logistique et du transport ?
Représentant près de 2 millions d’emplois en France et 10% du PIB, la logistique est devenue un pôle de compétitivité essentiel dans le monde avec l’émergence du e-commerce. L’« indice de performance logistique » de la France, tel qu’évalué par la Banque Mondiale, témoigne des nombreux défis que les entreprises françaises doivent aujourd’hui relever. Les questions de traçabilité, de respect des délais, de prix et d’écologie sont autant de points devenus essentiels pour répondre à de fortes attentes des clients finaux.
Les promesses de livraison express, les stratégies omnicanales et l’évolution de la livraison en milieu urbain obligent aujourd’hui les entreprises du secteur à repenser entièrement leur stratégie, à la fois pour réduire des coûts en augmentation rapide, mais aussi pour se constituer une image qualitative dans un univers très concurrentiel. Pour maîtriser les flux de marchandises comme les flux de données, une digitalisation rapide est nécessaire. Les divers outils logiciels disponibles pour le secteur sont l’assurance de mieux optimiser processus et ressources et facilitent la communication entre des acteurs particulièrement nombreux. S’appuyant sur les outils digitaux et la robotique, les intervenants du secteur redoublent d’inventivité pour proposer des modes de livraison innovants et accélérer plus que jamais leurs cadences de préparation.
La digitalisation du secteur transport et logistique
Historiquement fragmenté, composé d’entreprises extrêmement variées et souvent de petite taille, le secteur du transport et de la logistique a connu une première vague de digitalisation au début des années 2000.
Celle-ci a impacté le pilotage des opérations de transport et de gestion des marchandises. Des plateformes innovantes ont alors été mises en place par un grand nombre d’acteurs du secteur afin d’accélérer le traitement des commandes et les aspects administratifs de celui-ci — notamment la douane. La plupart des supports physiques (courriers et fac notamment) ont été remplacés par des outils digitaux, améliorant la qualité et l’efficacité du dialogue entre intervenants de la chaîne logistique.
Une deuxième phase de digitalisation touche désormais le secteur, davantage centrée sur les processus et le traitement des données. Pour les intervenants de la chaîne, il s’agit à présent de fluidifier les étapes en interne et de garantir le traitement sans faille des données clients. Afin de répondre à une exigence client élevée, les entreprises du secteur doivent adopter des outils leur permettant de partager l’information. La connaissance de l’emplacement du colis en temps réel et la rapidité d’exécution sont des prérequis pour les consommateurs, désireux d’obtenir leur commande aussi rapidement que possible. Les données numériques doivent également permettre de garantir la sécurité des produits les plus sensibles et de booster la préparation des produits sans perdre en qualité.
Quels sont les grands enjeux du transport et de la logistique ?
Gérer l’accélération des flux physiques
L’e-commerce fait émerger de nouveaux enjeux de logistique et de transport. Plus nombreuses, les commandes requièrent tout autant de qualité pour satisfaire des clients en quête de rapidité. Afin de faire face à des flux de marchandises inédits, les entreprises doivent être en mesure de moderniser leurs entrepôts, de numériser davantage leurs données et d’exploiter les analyses prédictives de leurs outils pour limiter les erreurs.
Les flux se complexifient également avec des problématiques telles que la gestion des retours, ou reverse logistic. La bonne orientation des commandes est cruciale pour éviter les surcoûts et les efforts superflus. L’enjeu est donc de choisir les bons outils logiciels pour ne pas être débordé.
Maîtriser les flux d’informations
Les opérations de logistique et de transport impliquent l’intervention de plusieurs entreprises partenaires, entre lesquelles la communication doit être fluide et efficace pour garantir un bon traitement des commandes. Cet enjeu est particulièrement fort à une période où les entreprises les plus jeunes et connectées s’appuient sur la robotique et l’IA pour maîtriser seules l’ensemble de la chaîne logistique. Pour les autres, la digitalisation doit se mettre au service de l’échange d’information. Si l’Echange de Données Informatisé, massivement employé jusqu’à présent, facilite le transfert d’informations entre commerçants et transporteurs, de nouveaux dispositifs plus innovants apparaissent. Ceux-ci permettent un accès direct par les transporteurs aux flux d’information des commerçants, assurant un traitement plus rapide des commandes et un taux d’erreur moindre. Pour les entreprises du secteur, il est essentiel d’exploiter les outils numériques récents dans ce sens.
Une option de livraison pour chaque client
Les consommateurs sont désormais habitués à disposer d’un grand nombre d’options lors de la livraison de leur colis. Le choix d’un mode de livraison pratique est d’ailleurs l’un des critères essentiels de satisfaction client. Retrait en magasin, en point relais, à domicile sont autant de possibilités que les entreprises doivent aujourd’hui être en mesure de proposer pour répondre aux exigences pratiques et économiques des clients finaux. Ces nombreux canaux de livraison doivent être pensés intelligemment et s’intégrer à une stratégie globale. Entre frais de livraison, délais d’envoi et gestion des retours, il s’agit de satisfaire — et par là même, de fidéliser — un maximum de clients.
Une exigence de traçabilité et de transparence
Le suivi du transport est désormais soumis à des contraintes d’information en temps réel. Pour certains secteurs plus sensibles en particulier — parmi lesquels l’industrie pharmaceutique ou l’agroalimentaire —, le traitement des marchandises s’accompagne d’obligations administratives rigoureuses. Les entreprises de logistique et de transport doivent être capables de garantir le parfait traitement des produits, d’offrir un suivi de chaque étape en temps réel tout en conservant une efficacité maximale. Confronté aux contraintes d’industries très spécifiques et hétérogènes, le secteur doit s’adapter et concilier de nombreuses applications différentes tout en limitant les erreurs.
Un enjeu de réduction de la pollution
Dans un contexte d’accroissement des volumes transportés, les entreprises du secteur doivent s’inscrire dans une démarche aussi écologique que possible. La notion de RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) et sa norme ISO 26 000 imposent une approche plus durable, parfois complexe à mettre en place pour les entreprises du secteur. Un référentiel spécifique au secteur, créé par l’Etat, vise à favoriser les bonnes pratiques : emballages plus recyclables, limitation du transport à vide ou encore réduction du bruit font partie des objectifs. Pour une industrie représentant 35% des émissions de gaz à effet de serre, l’enjeu est fort et représente une priorité.
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Quels sont les logiciels les plus utilisés par le transport et la logistique ?
L’industrie logistique emploie de nombreux logiciels spécialisés, en majorité classés dans les familles suivantes : Supply Chain Execution (pour la gestion des stocks et la préparation des commandes), Advanced Planning System (pour la prévision des besoins et l’approvisionnement) ou encore Supply Chain Event Management (pour une amélioration continue de la supply chain).
Les WMS (Warehouse Management System)
Appartenant à la première famille de logiciels, les logiciels de WMS fournissent une connaissance complète des stocks et des tâches menées en entrepôt. Ce type de solution améliore le suivi des ressources disponibles, leur classement par catégorie et la gestion intelligente de l’entrepôt grâce à des statistiques telles que le taux de rotation. Les outils de WMS servent également à optimiser la préparation de commandes : capables de prendre en compte les contraintes d’emballage, les prérequis de sécurité ou encore les compétences des préparateurs, ils assurent un parcours de préparation efficace d’un bout à l’autre pour des commandes toujours conformes. Le WMS est non seulement un outil essentiel pour mieux organiser sa logistique, mais il fournit également des informations précieuses aux autres logiciels de gestion d’entrepôt grâce à une communication continue avec l’ERP.
Les outils de WCS (Warehouse Control System)
Ces outils de Supply Chain Execution jouent un rôle clé dans la gestion des installations mécanisées d’un entrepôt. Connectés au logiciel de WMS, les WCS distribuent l’information et répartissent la charge de travail parmi les installations matérielles et opérateurs humains de l’entreprise. Connecté au WMS, le WCS effectue de nombreuses tâches de contrôle, d’envoi ou de notification de manière autonome. Soutenant le bon fonctionnement des entrepôts automatisés, les outils de Warehouse Control System assurent une parfaite coordination des machines et accélèrent le traitement des commandes. Par ailleurs, grâce à une disponibilité de l’information en temps réel et à une interface complète, il est possible d’établir des diagnostics et contrôles constants pour éviter pannes et retards.
Les outils de TMS (Transport Management System)
Le Transport Management System se concentre sur l’acheminement de marchandises de la manière la plus efficace possible. Très utilisé par les prestataires et transporteurs, ce type de solution génère des schémas de transport incluant tous les paramètres qui interviennent dans la livraison — temps de chargement, de déchargement, ainsi que les parcours des véhicules, soumis à des imprévus de circulation. Ces outils offrent une excellente traçabilité des produits, avec une information constante sur la localisation des colis. Les TMS sont également des assistants complets pour la gestion du parc de véhicules et l’affectation des transporteurs, ainsi que pour la facturation. Leurs fonctions de reporting fournissent une aide précieuse à la décision pour réaliser des économies de temps et de coût décisives.
Les outils d’APS (Advanced Planning System) et de SCP (Supply Chain Planning)
Le Supply Chain Planning couvre la prévision des ressources matérielles et capacités en machines nécessaires à la production, tout en prenant en compte les contraintes de l’entreprise. Son objectif : produire des indicateurs clairs sur lesquels des décisions stratégiques pourront être prises. Les modules de Supply Chain Planning exploitent les données produits et les en-cours pour formuler prévisions et simulations. Pour mener à bien sa tâche, le SCP se base sur des modules d’APS, qui analysent tous les paramètres essentiels, des achats à la distribution. L’APS intervient à la fois sur un plan stratégique — en anticipant la demande et les marges à optimiser—, matériel — en orientant l’utilisation des machines et des ressources — et opérationnel — en créant une cartographie des différentes tâches et en identifiant les points problématiques.
Les outils de SCEM (Supply Chain Event Management)
Ces outils prennent en compte l’ensemble de la chaîne logistique afin d’anticiper les événements problématiques pouvant survenir. Alimentés par des données concernant l’approvisionnement, mais aussi les partenaires et fournisseurs et les processus, les outils de SCEM identifient les écueils potentiels des workflows et proposent des scénarii de résolution. Ces outils sont d’autant plus efficaces que l’information est partagée par tous les acteurs de la chaîne logistique.
Quelles sont les contraintes et spécificités de la digitalisation dans le transport et la logistique ?
Les outils digitaux sont largement plébiscités afin de répondre aux nouvelles exigences du marché. Des solutions tels que les WMS permettent notamment d’améliorer la transmission des données et de soutenir les entreprises face à des habitudes de consommation en pleine évolution.
Les nombreux acteurs tout au long de la chaîne
La chaîne logistique fait intervenir de nombreuses entreprises et collaborateurs, dans des pays parfois très divers. Il en résulte un grand nombre d’informations et une visibilité parfois limitée sur celles-ci. Les outils rassemblant les données et fournissant une analyse constructive sont particulièrement utiles aux entreprises du secteur, qui doivent pouvoir s’adapter rapidement aux besoins de leurs clients et partenaires. La digitalisation est un facilitateur dans la gestion de cette importante contrainte.
La logistique du dernier kilomètre
Le dernier kilomètre de la livraison est un pôle de dépenses très important pour les entreprises du secteur, représentant parfois jusqu’à 20% du coût logistique total. Les restrictions de circulation en centre-ville dans de nombreuses agglomérations compliquent l’acheminement des marchandises et obligent les transporteurs à opter pour de nouvelles solutions et options de livraison. Les promesses de livraison rapide doivent être tenues et les coûts maîtrisés : pour beaucoup d’entreprises, la gestion de ces contraintes entraîne d’importantes mutations.
Les exigences client
La traçabilité et l’information en temps réel sur l’emplacement du colis sont aujourd’hui essentielles aux yeux des acheteurs, tout comme la rapidité et la qualité de livraison. Les entreprises du secteur doivent être en mesure de fournir une information exhaustive et de respecter leurs promesses face à des clients très informés de leurs droits et qui ne manquent pas de faire jouer concurrence et législation. Le traitement rapide et qualitatif des marchandises doit donc s’accompagner d’une communication complète et d’un suivi précis de la livraison par le consommateur.
La gestion des retours
Avec les évolutions de la législation, les retours de commande se sont généralisés et représentent une composante importante de l’activité logistique et de transport. La reverse logistique est un pôle de dépenses avéré pour des entreprises qui, bien souvent, ne facturent pas les retours, et représente un défi sur le plan informatique — redirection de la marchandise et gestion des stocks — mais aussi une source d’information majeure sur la qualité des produits et les raisons des retours.
La sécurité des produits
La nature des produits transportés peut nécessiter un traitement particulier. Des contraintes d’emballage, de température, d’agencement de l’entrepôt se posent dans le cas de manipulation de matières dangereuses ou de traitement de produits pharmaceutiques, cosmétiques ou encore agroalimentaires. Les entreprises du secteur doivent garantir un respect absolu des normes sanitaires et un taux d’erreur extrêmement faible pour les secteurs clés exploitant des produits sensibles.
Les impératifs écologiques
Si la législation française n’est que peu contraignante pour le secteur sur le plan écologique, la mise en place de mesures plus vertes est essentielle aux yeux des consommateurs et impacte l’image des entreprises. Avec la stratégie France Logistique 2025, le gouvernement français veut accompagner les entreprises du secteur pour l’adoption de solutions plus respectueuses de l’environnement : pour ces entreprises, le changement peut être bénéfique à terme mais implique des contraintes supplémentaires devant s’intégrer à la stratégie globale.
Le manque de ressources humaines
L’optimisation des tournées de livraison est un enjeu majeur pour pallier le nombre relativement limité d’intervenants humains. Le secteur du transport, souffrant d’une baisse d’attractivité, doit tirer le meilleur parti de ses collaborateurs et donc réduire les transports à vide et améliorer son organisation. L’automatisation des tâches et la robotisation, essentiellement employées dans le cadre logistique, ne sont pas encore à la portée de toutes les entreprises de transport qui doivent composer avec des ressources humaines parfois insuffisantes.
En conclusion
Le e-commerce tire vers le haut l’activité logistique et le transport. Malgré un nombre toujours plus important de contraintes, la digitalisation améliore la communication entre entreprises partenaires et permet d’accélérer en permanence les rythmes de livraison. Les pôles logistique et transport ont désormais une place centrale dans les entreprises et représentent un critère de choix majeur pour des clients demandeurs d’efficacité.
Les perspectives ne manquent pas pour surmonter intelligemment les défis actuels. Les entrepôts, toujours plus digitalisés et robotisés, boostent la performance logistique — on parle d’ailleurs désormais de e-logistique. Le transport doit quant à lui évoluer pour faire face aux enjeux écologiques. Mutualisation du fret, véhicules électriques ou livraison par drone offrent des alternatives, en particulier pour les petits volumes. L’uberisation commence elle aussi à toucher le secteur grâce à la mise en relation directe du client avec des transporteurs disponibles. L’aspect collaboratif, au cœur des initiatives, et la multiplication des modes de livraison contribuent à créer des offres sur mesure, au plus près de la demande de chaque client. Avec un volume de produits livrés en augmentation de 20% chaque année, les enjeux devraient s’accroître encore et imposer à toutes les entreprises du secteur de se digitaliser rapidement pour continuer la course à la performance logistique.
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