L’Open Data entre secteurs public et privé : quel bilan ?

par | 24 novembre 2020 | Data & process, Innovation, Secteur Public

Open Data - Tablette avec icônes

L’Open Data, phénomène qui touche aujourd’hui un grand nombre de secteurs, s’inscrit dans une tendance forte de partage des données et d’action collaborative. Au service de l’innovation et du bien-être citoyen, cette démarche permet également aux entreprises de ne rien perdre des précieuses données aujourd’hui collectées en masse. L’Open Data répond à un besoin grandissant de développer la qualité de service et leur personnalisation. Des disparités existent cependant entre secteurs public et privé. Si le premier a tout à gagner à ouvrir ses données à des start-ups ambitieuses, le second s’ouvre à l’Open Data de manière plus inégale, entre grands groupes très investis dans le partage de données et moyennes entreprises plus réticentes. En adoptant une stratégie d’ouverture maîtrisée, les opportunités sont pourtant bien réelles et méritent d’être considérées.

L’open data aujourd’hui : entre enjeux techniques et opportunités

L’Open Data représente un ensemble de données rendues accessibles gratuitement à tous. Ces données peuvent être mises à disposition par des entreprises ou collectivités pour être exploitées et redistribuées par des tiers. Leur objectif : la création de fonctions et de produits innovants.

La notion de partage régit cette pratique, qui tire parti de l’intelligence collective. Les données proposées sont réutilisables et combinables avec d’autres groupes de données, favorisant l’échange et le travail commun entre les intervenants.

On trouve notamment l’Open Data dans de nombreuses initiatives du secteur public : le partage d’informations par les collectivités est généralement issu d’une volonté de transparence, mais aussi d’échange avec les citoyens. Avec l’open data et l’exploitation des données publiques par des entreprises privées, les citoyens bénéficient du traitement accéléré de ces données, souvent très nombreuses, que les collectivités elles-mêmes n’ont pas le temps ni les ressources pour exploiter. Informations sociétales, économiques ou culturelles forment la base de produits et d’applications à forte valeur ajoutée et donnent la possibilité à de nombreuses start-ups de prendre leur essor.

Des disparités entre, et au sein des secteurs

Cette adoption de l’Open Data par le secteur public dès les années 2000 est presque une évidence : les produits développés sur la base des données collectées contribuent à améliorer la vie des citoyens et apportent du dynamisme à l’économie.
Parmi les catégories de données les plus exploitées, les services urbains, l’immobilier et les transports sont sources d’innovations très prisées des utilisateurs. Elles contribuent à créer un niveau de personnalisation élevé au sein des services publics et à renforcer la relation entre citoyens et collectivités.

Le secteur privé, se lance de manière inégale dans le partage de données. Côté grands groupes, l’initiative est déjà largement développée : de grands noms français tels qu’Airbus ou BPCE profitent déjà des synergies et des idées neuves que peut faire naître l’Open Data. Pour les petites et moyennes entreprises cependant, les craintes sont nombreuses quant à l’ouverture : l’avantage concurrentiel que celui-ci pourrait offrir à de nouveaux entrants est au souvent cœur des inquiétudes. De nombreux pure players ayant, par le passé, pris l’ascendant sur des acteurs historiques grâce à leur maîtrise de la donnée, les entrepreneurs se laissent fréquemment dissuader.

La méconnaissance des modalités de l’Open Data empêche bien souvent les entreprises privées de s’ouvrir à l’innovation et de renforcer leur relation client et les liens avec leurs partenaires. Pour réussir, le principal enjeu est de maîtriser le cadre et l’étendue du partage, afin bénéficier de retombées positives tout en limitant les risques concurrentiels.

Contrôler son partage de données : une source d’opportunités

Les modalités du partage de données peuvent parfaitement être maîtrisées : de nombreux cas de figure illustrent les opportunités offertes par l’open data dans le secteur privé, à destination du secteur privé. Des grands noms tels que AirBnb ou Euler Hermes ont adopté la démarche, tout en choisissant l’étendue de l’ouverture.

Le paramètre essentiel à la réussite de son Open Data est l’identification de sa propre situation. Acteur dominant sur un marché ou concurrents au coude-à-coude, partage de données au sein d’un secteur ou avec un écosystème plus vaste : les conditions de partage se doivent d’être adaptées pour un effet gagnant-gagnant assuré.
Les acteurs dominants sur leur marché sont en position de force : des géants tels qu’Airbus ou les réseaux sociaux Twitter et Facebook peuvent envisager sereinement le partage de leurs données. Celui-ci peut se faire via une plateforme avancée ou une API, interface de programmation qui permet d’établir une communication maîtrisée et sécurisée entre les ressources proposées et les applications des firmes utilisatrices.
Pour les acteurs impliqués, la valeur ajoutée est très claire. Les innovations qui en découlent enrichissent l’offre de base et contribuent au développement des start-ups contributrices.

Le cas des marchés concurrentiels est plus complexe et nécessite un encadrement strict : la limitation du partage, ou de l’utilisation des données par les tiers d’une manière ne pouvant nuire au diffuseur sont des conditions initiales indispensables.  D’autres modalités de contrôle des accès, de gouvernance partagée, ou encore de standards communs permettent de mieux maîtriser son Open Data.
Les entreprises privées de taille moyenne s’interrogent souvent sur les retombées de l’Open Data sur leurs parts de marché. Celles-ci sont pourtant bien réelles : outre l’enrichissement de l’offre, le partage permet de mieux étudier et exploiter les données, aujourd’hui collectées massivement. L’apport, par des acteurs tiers, de ressources supplémentaires, permet une analyse en profondeur et l’identification de nouvelles opportunités.
Côté start-ups œuvrant pour des entreprises plus matures qu’elles, le bénéfice est important : l’accès à des données très riche facilite l’innovation et l’agilité des petites structures permet aisément de réinventer les méthodes et approches.

Savoir diffuser ses données : l’une des clés de l’Open Data

Pour réussir, la démarche de diffusion des données d’une entreprise doit être portée par les décideurs et soigneusement préparée les collaborateurs. L’Open Data requiert en effet une mobilisation humaine importante et une vraie réflexion stratégique sur les attentes et les modalités de diffusion.

Une fois le périmètre des données et le cadre réglementaire définis, il s’agira de se pencher sur la réalisation technique — format des données, plateforme de mise à disposition, préparation des jeux de données…
Il est essentiel de recenser tous les processus concernés par l’ouverture et l’impact de celle-ci sur le fonctionnement de l’entreprise.
Le suivi est lui aussi une part importante du travail : dans un cadre de partage parfois sensible, l’utilisation ouverte des données doit être promue auprès des start-ups et intervenants intéressés, et l’étendue des réalisations suivie dans le temps pour éviter toute dérive.
Enfin, le choix d’une équipe responsable du projet et la définition d’objectifs clairs seront des éléments clés pour avancer sereinement.

La définition d’un cadre bien maîtrisé permet de répondre aux inquiétudes tout en tirant le meilleur parti de l’Open Data. Comme tout projet, celle-ci représente un défi mais peut être source de réels atouts. Si les bénéfices sont clairs pour le service public et les start-ups qui exploitent les données, les entreprises qui décident d’ouvrir leurs propres données ont elles aussi beaucoup à gagner dans la démarche. Les retombées sur les performances et l’image de marque sont quasi assurées, à condition de bien choisir son cap et d’opter pour le bon accompagnement.

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